Entretien avec Betty JERECZEK
Hypnothérapeute et psychologue
En tant que psychologue, qu’est-ce qui vous a poussé à développer l’accompagnement des personnes en parcours d’AMP ou souffrant de difficultés de conception ?
En tant que psychologue formée à l’hypnose, beaucoup de femmes venaient me consulter « en désespoir de cause », après « avoir tout tenté » pour devenir mère. J’ai été très touchée par l’histoire de toutes ces femmes, que la médecine classique a malheureusement souvent laissées sans réponse, en particulier dans les cas « d’infertilité inexpliquée » (ce que je déteste ces mots !). Malheureusement, ces femmes portaient bien souvent le poids de la culpabilité de ne savoir créer la vie… Repartant parfois avec l’idée incongrue que “c’était dans leur tête”, à cause de leur anxiété, etc.
En me formant, j’ai découvert tout un monde et un éventail de possibilités d’accompagnements. En redonnant confiance à la future maman, en apaisant ses peurs, en guérissant son histoire, j’ai pu être témoin de très belles naissances. Et puis ayant moi-même vécu ce parcours, je sais toute la difficulté et la solitude des femmes (et des couples) en parcours PMA. Cela m’a d’autant plus motivée à être une ressource supplémentaire dans leur parcours.
Pouvez-vous expliquer quelle est la complémentarité de l’accompagnement psychologique avec le parcours médical, dans le cadre de l’AMP ?
L’enjeu de l’AMP est physiologique ET psychologique. Et quand je dis psychologique, je crois que j’ai surtout envie d’insister sur l’importance, pour ces femmes et ces couples, d’avoir un support émotionnel durant tout ce parcours. Oui, il y a parfois des résistances ou des difficultés psychologiques qui peuvent impacter la fertilité… Je crois que la simple solitude et le bouleversement émotionnel induit par le parcours de l’AMP sont suffisants pour stresser n’importe quel parent. La médecine exerce une magie physiologique… La psychologie représente un soutien émotionnel, à mon sens, incontournable pour toutes les personnes et tous les couples (qu’il y ait eu des difficultés d’ordre psychologique ou pas, d’ailleurs).
Quels sont les profils de patient.e.s que vous recevez fréquemment en cabinet ?
Ce que j’observe, à grand regret, c’est que je reçois en première intention… les femmes ! Car dans ce type de parcours, la femme semble souvent porter la charge physiologique et la charge mentale de toutes les étapes de l’AMP. La plupart des femmes que je reçois se sentent très seules, malgré des conjoint.e.s qui peuvent essayer de se montrer soutenant.e.s… Saisir l’ampleur des besoins émotionnels et physiques de la future maman est parfois difficile. Je propose donc régulièrement de recevoir les couples pour remettre du partage et du soutien pour la femme qui porte le parcours.
Un deuxième constat que je peux faire dans ma pratique, est que je reçois énormément de femmes qui ont eu un parcours de vie difficile. Ces femmes ont souvent souffert de traumatismes psychologiques, de maltraitance ou de négligence durant l’enfance. Pour beaucoup d’entre elles, elles ont besoin d’apaiser les émotions du passé et de s’autoriser à réécrire une histoire dans laquelle elles se sentent capables de devenir mères en toute sécurité.
Enfin, beaucoup de femmes viennent me consulter car « le médecin a dit qu’elles étaient trop stressées et qu’il fallait voir un.e psy ». Je me demande comment une femme qui prend sa température tous les jours depuis des années, se fait des piqûres seule tous les mois et se confronte à un test de grossesse négatif depuis des années, pourrait être immunisée de toutes émotions négatives ? ! J’aime l’idée de redonner aux femmes le pouvoir de demander de l’aide, de normaliser leurs émotions et de se sentir légitimes d’être traitées avec bienveillance durant tout leur parcours.
Quel est l’âge moyen des personnes qui consultent, et la durée moyenne de votre accompagnement ?
Les femmes qui demandent à me consulter ont entre 28 ans et 42 ans. La durée de l’accompagnement est vraiment variable. J’ai reçu des femmes qui sont tombées enceintes après une seule séance d’hypnose, quand d’autres ont été suivies pendant 2 années. Cela dépend vraiment des besoins de la femme, de son histoire, de ses peurs, de ses ressources… Et de tout l’accompagnement qu’elle reçoit en dehors de mon accompagnement !
Quel est, selon vous l’intérêt de l’hypnose dans le cadre des blocages inconscients de la fertilité ? Et dans le cadre de l’accompagnement des parcours médicaux d’AMP ?
À mon sens, l’hypnose représente un véritable moteur pour ce type de parcours. Les enjeux sont parfois enfouis et la thérapie classique prendrait bien plus de temps car nous serions confrontés à toutes les résistances du mental. L’hypnose, c’est prendre un raccourci. Cette méthode permet aussi de renforcer les ressources déjà présentes en chaque femme. Cela leur permet de découvrir les trésors et solutions qu’elles détiennent en elles. Selon moi, l’hypnose permet de se reconnecter à son corps, à son essence et à tout son monde intérieur. Cela permet d’apaiser et de reprendre confiance en soi.
Selon vous, les enjeux transgénérationnels peuvent-ils influencer les capacités reproductives ? Si oui, de quelle manière ?
Ce que je peux observer dans ma pratique professionnelle, c’est le poids de l’enfance que ces femmes ou couples ont vécu. Le modèle du parent plane parfois comme une “menace”, laissant douter les femmes ou les couples de leur capacité à devenir un “bon parent”. Comme j’aime leur rappeler, un “bon parent” ce n’est pas celui qui fait tout bien, mais celui qui est capable de se poser des questions. Et souvent, ils s’en posent déjà beaucoup ! J’ai aussi entendu beaucoup d’histoires dans lesquelles les femmes ont pu inconsciemment se “programmer” à répéter l’histoire familiale. À force d’avoir entendu les difficultés à concevoir chez les femmes de la famille, c’est comme si c’était devenu un passage obligé pour elles aussi. J’aime voir que les femmes peuvent reprendre le pouvoir de leur propre histoire et la réécrire en dehors des fausses croyances qu’on aurait pu leur transmettre.
Dans le cadre de votre pratique, observez-vous une prévalence de blocages psychiques chez les femmes ? Chez leur conjoint.e ? Ou bien est-ce, à votre avis, une combinaison des deux membres du couple ?
Ce que j’observe, c’est qu’on fait porter trop de poids aux femmes ! À mon sens, la PMA est une affaire de couple (sauf pour les femmes qui décident d’y avoir recours seules, bien sûr). La femme qui reçoit tous les soins porte bien trop souvent la charge physique et psychologique du parcours. Je vois une réelle différence chez les couples dans lesquels le ou la partenaire a compris et entrepris d’être un véritable soutien chaque jour. Un soutien émotionnel (écouter, rassurer, apaiser) ou logistique, d’ailleurs (prendre les RDV, mettre les rappels dans le téléphone pour les injections s’il y en a, faire l’injection, etc.). J’observe chez ces couples que le parcours est mieux vécu et plus souvent couronné par une jolie naissance.
La loi autorise les femmes seules à accéder à l’AMP et leurs demandes augmentent depuis trois ans. Quels sont, selon vous les risques ou écueils de la monoparentalité ?
Selon moi, l’enjeu est toujours celui du soutien. Qu’on soit une femme seule ou un couple… Comme le dit le proverbe : « Il faut un village pour élever un enfant ». Je souhaite que les réseaux de soutien à la parentalité se développent, qu’on ait un enfant seule ou en couple.
Que conseillez-vous à vos patientes lorsque l’AMP n’a pas fonctionné ?
Parfois, faire une pause après un parcours qu’elles vivent comme un “acharnement”. Revenir à soi, revenir à la vie, à l’instant. Remettre du plaisir au centre de sa vie là où la conception était peut-être devenue une obsession.
Quel conseil donneriez-vous à des personnes en désir d’enfant qui rencontrent des difficultés ?
Entourez-vous un maximum de personnes et de soignants bienveillants. Vous méritez le meilleur et vous êtes légitimes à attendre du soutien et des réponses claires. Ne restez surtout pas seule.
Betty JERECZEK

Betty Jereczek est une psychologue hypnothérapeute diplômée avec 14 ans d’expérience, ayant accompagné des milliers de personnes dans leur métamorphose. Animée par une volonté de pratiquer son métier de manière plus profonde et impactante, elle a créé et animé plusieurs cercles de femmes en ligne et organisé son premier séjour holistique, dédié à l’émancipation féminine dans un environnement bienveillant.
En plus d’être une maman et entrepreneure, elle est également hypersensible et multi passionnée. Elle a décidé se consacrer aux femmes désireuses de surmonter leurs difficultés, en leur proposant des accompagnements pratiques basés sur la thérapie cognitivo-comportementale et l’hypnose thérapeutique, enrichis par de nombreuses formations.
Profondément passionnée et altruiste, elle a également enseigné ses méthodes pendant dix ans à l’université. Son rêve est de permettre à chaque femme de briller et de vivre librement, tout en grandissant et s’inspirant mutuellement.
Hasnon, dans le Nord.
Betty JERECZEK

Betty Jereczek est une psychologue hypnothérapeute diplômée avec 14 ans d’expérience, ayant accompagné des milliers de personnes dans leur métamorphose. Animée par une volonté de pratiquer son métier de manière plus profonde et impactante, elle a créé et animé plusieurs cercles de femmes en ligne et organisé son premier séjour holistique, dédié à l’émancipation féminine dans un environnement bienveillant.
En plus d’être une maman et entrepreneure, elle est également hypersensible et multi passionnée. Elle a décidé se consacrer aux femmes désireuses de surmonter leurs difficultés, en leur proposant des accompagnements pratiques basés sur la thérapie cognitivo-comportementale et l’hypnose thérapeutique, enrichis par de nombreuses formations.
Profondément passionnée et altruiste, elle a également enseigné ses méthodes pendant dix ans à l’université. Son rêve est de permettre à chaque femme de briller et de vivre librement, tout en grandissant et s’inspirant mutuellement.
Hasnon, dans le Nord.